Ref. Ares(2021)7938574 - 22/12/2021
COV(21)3805:1 –
Art. 4.1(b) Privacy
Bruxelles, le 11 juin 2021
RÉPERCUSSIONS DU COVID-19 SUR LES SECTEURS DE
L’AGRICULTURE, LA SYLVICULTURE ET LA PÊCHE
ÉVALUATION DU COPA ET DE LA COGECA
avril 2021 - juin 2021
Cette note vise à fournir une version actualisée de l’évaluation du Copa et de la Cogeca
COV(21)2290. Ce document est une compilation non-exhaustive des contributions envoyées par
les organisations nationales membres du Copa et de la Cogeca.
Introduction
Compte tenu du bon déroulement de la campagne de vaccination au sein de l’UE, l’économie de
l’UE montre des signes encourageants de reprise, même si un certain nombre d’incertitudes
persistent. Néanmoins, le secteur agricole doit faire face à de nombreux défis, notamment en
raison de la hausse des coûts de production (par ex, les aliments pour animaux, les engrais, le
carburant), de la pénurie de certains intrants, des évolutions commerciales et des répercussions
des mauvaises conditions climatiques. Les prix des aliments pour animaux et des additifs
destinés à l’alimentation animale, par exemple, ont fortement augmenté (une hausse de plus de
3 %). Bien que les problèmes liés au transport des produits agro-alimentaires se dissipent
lentement, il subsiste d'importantes difficultés douanières lors d’échanges commerciaux avec les
pays tiers (par ex. Brexit) et une augmentation des coûts.
L’étude concernant les répercussions préliminaires de la pandémie de Covid-19 sur l’agriculture
européenne
1 montre que, pendant la pandémie, la chaîne d’approvisionnement agro-
alimentaire européenne a fait preuve d'une résilience remarquable. En 2020, la valeur de la
production du secteur agricole n’a diminué que de 1,4 % par rapport à 2019 et, comparée à la
moyenne de 2015-2019, elle a augmenté de 2,9 %.
Néanmoins, les secteurs qui dépendent
fortement du secteur des services d’alimentation (vin, viande bovine par exemple) ont rencontré
des difficultés majeures. Le secteur des fleurs et des plantes ornementales et le secteur du sucre
ont aussi subi des pertes financières considérables. Le revenu agricole a également baissé par
rapport à 2019 (-7,9 %, soit une perte de 7,1 milliards d’euros). De plus, le secteur agricole de
l’UE a été confronté à des pénuries en raison des restrictions de déplacement (1 million de
travailleurs saisonniers employés dans le secteur agricole), des retards dans les livraisons
d’aliments, de matières premières et d’autres intrants ainsi que d’un ralentissement de la
production alimentaire à cause des cas de Covid apparus dans les usines de transformation.
Bien
que la réponse fournie par l’UE ait été très efficace pour préserver l’intégrité du marché unique,
si nous souhaitons être mieux préparés aux futures crises, il faudrait, être autres mesures,
envisager la possibilité de découpler la réserve de crise de la PAC des paiements directs perçus
par les agriculteurs en vue de renforcer les capacités financières de l’UE en temps de crise1.
1 Répercussions préliminaires de la pandémie de Covid-19 sur l’agriculture européenne : une analyse sectorielle portant sur la
résilience des systèmes alimentaires et du marché. Il s’agit d'une étude demandée par la commission Agriculture, le
département thématique des politiques structurelles et de cohésion du Parlement européen, la direction générale des
politiques internes, PE 690.864 - MAI 2021.
Copa - Cogeca |Agriculteurs et coopératives agricoles d'Europe
61, Rue de Trèves | B - 1040 Bruxelles | www.copa-cogeca.eu
Numéro au Registre européen de transparence | Copa 44856881231-49 | Cogeca 09586631237-74
La plupart des pays ont correctement mis en œuvre les lignes directrices européennes relatives
aux travailleurs saisonniers ; néanmoins, nous avons toujours quelques préoccupations
concernant la disponibilité des travailleurs saisonniers pendant la prochaine campagne.
Certaines questions restent en suspens, notamment les problèmes liés à la sécurité sociale
lorsque les travailleurs sont employés simultanément dans différents États membres par
exemple. De plus, la période de quarantaine imposée par les autorités varie d'un pays à l’autre,
ce qui peut engendrer des coûts supplémentaires. Cela complique aussi le processus de
recrutement, notamment pour les travailleurs frontaliers. Par ailleurs, les travailleurs
saisonniers ne sont pas toujours pris en compte dans les programmes de vaccination des pays de
destination.
Analyse sectorielle :
Fruits et légumes, fleurs et plantes ornementales
Dans plusieurs États membres, les vergers de fruits à noyau, les pommiers et, dans une moindre
mesure, les poiriers ont été endommagés par une vague de froid. Cette année, la production
européenne de pêches et de nectarines devrait connaître une baisse de 18 % par rapport à 2020,
en raison des dégâts provoqués par le gel, pour atteindre un total de 2 420 821 tonnes. La
production européenne d’abricots pour l’année 2021 est actuellement estimée à 344 000 tonnes,
soit une baisse de 40 % par rapport à la moyenne de 2015-2019. Vu la gravité exceptionnelle de
la situation pour le secteur des fruits et légumes, le Copa et la Cogeca ont appelé la Commission
à mettre en place toutes les mesures extraordinaires et supplémentaires possibles au niveau
européen afin de dédommager les producteurs touchés [voir FL(21)2878 (rev.1)]. Les prix des
pommes et oranges fraîches ont atteint un niveau record. Les tomates ont, elles aussi, atteint un
prix record en mars/avril. Cependant, l’UE importe toujours plus de tomates en provenance du
Maroc et de la Turquie. Certaines régions ont dû procéder à des replantations en raison de la
vague de froid. Les producteurs ont réduit la production de produits frais destinés au secteur des
services de restauration (par exemple la production de salade). Les distributeurs infligent des
pénalités aux fournisseurs qui ne livrent pas les produits en temps en en heure aux magasins,
même si ces retards sont liés aux restrictions imposées dans le cadre de la pandémie de Covid-
19. Les principaux problèmes demeurent l’accès aux travailleurs saisonniers, la fermeture du
secteur de l’Horeca, l’augmentation des coûts des exportations, l’embargo russe et la hausse des
coûts de production. Depuis janvier, la situation du secteur des fleurs et des plantes
ornementales s’est améliorée grâce à la réouverture de certains canaux de vente. L’augmentation
du prix des matières premières engendre toutefois quelques difficultés.
Pommes de terre
Au vu de la baisse de la demande, les prix du marché restent inférieurs aux coûts de production.
Les producteurs ont dû gérer les surplus de production. Le prix sur le marché au comptant a
récemment augmenté, passant de 50 euros/tonne à 100 euros/tonne, reflétant ainsi une
augmentation de la demande en raison de la réouverture des restaurants et de la reprise des
activités festives pendant l’été. En Belgique, en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et en
Finlande, les surfaces de pommes de terre ont connu une baisse d’entre 3 % et 5 % du fait de la
baisse des prix des contrats et de l’augmentation des coûts de production pour la campagne
2021-2022. Le marché des pommes de terre féculières a connu une baisse.
Céréales
Le marché est extrêmement volatile. Les prix de toutes les céréales et oléagineux dans l'UE sont
en hausse par rapport au mois précédent et par rapport à l'année précédente. La demande de la
Chine exerce toujours une influence importante sur la hausse des prix, tout comme les
incertitudes habituelles liées aux conditions météorologiques au début de la saison de végétation
estivale. Au sein de l’UE-27, la germination et la croissance des cultures de printemps ont été
retardées en raison des épisodes de froid. Les prix des engrais sont toujours à leur niveau le plus
élevé des 12 derniers mois. En avril 2021, la Chine a révisé ses lignes directrices pour
l’alimentation du bétail en vue de réduire l'utilisation du maïs et des tourteaux de soja dans
l’alimentation des porcins et des volailles. Elle propose de remplacer le maïs par le blé, le sorgho,
l'orge, le riz et le manioc et de remplacer les tourteaux de soja par des tourteaux à base de
canola, de colza, de graines de coton, d’arachides ou de tournesol et par des drêches séchées de
distillerie avec solubles. Plusieurs pays appliquent actuellement des restrictions à l’exportation
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ou à l'importation en imposant des contingents et/ou des taxes. S’agissant des marchés du fret
maritime, en mai 2021 la valeur moyenne du Baltic Dry Index (BDI) a plus que quintuplé par
rapport à l’année dernière, ce qui reflète la forte reprise par rapport au ralentissement connu
l’année dernière en raison du Covid. L’OMC a accepté de créer deux nouveaux groupes spéciaux
de règlement des différends (orge et huile de palme).
Sucre - éthanol
En 2019/2020, la consommation de sucre dans le secteur alimentaire de l’UE a baissé de
0,5 million de tonnes (-3 %) par rapport à la période 2018/2019. Toutefois, en 2020/2021, la
consommation de sucre dans le secteur alimentaire de l’UE pourrait connaître une hausse de
100 000 tonnes. La production de sucre de l’UE-27 est estimée à 14,5 millions de tonnes (-11 %
par rapport à l’année précédente). De même, les exportations et importations ont baissé. Sur le
marché mondial, les prix du sucre brut et du sucre blanc ont augmenté en avril et en mai 2021,
mais en moyenne ils sont toujours inférieurs au prix de référence du l’UE. Pendant la campagne
2021/2022, l’UE-27 restera un importateur net de sucre puisque les stocks n'ont jamais été aussi
bas. Selon les estimations de la Commission, ces derniers atteindront 1,1 million de tonnes fin
septembre 2021, soit le niveau le plus bas depuis 2010 et les surfaces de betteraves devraient
également diminuer de 1,4 %.
Vin
Selon les premières estimations, rien qu’en France 30 % de la récolte de 2021 (soit 2 milliards
d’euros) a été perdue à cause des gelées. Dès lors, nous demandons la mise en place d'un budget
extraordinaire et d’outils de gestion de crise ainsi que la prolongation de la validité des
autorisations de plantation et de replantation jusqu’en 2022. Les perspectives positives
devraient aider le secteur à compenser une partie des pertes. Néanmoins, les exportations au
mois d’avril étaient inférieures à celles de l’année précédente, autant en termes de volumes que
de prix.
Viande porcine, œufs et volaille
La production de viande porcine reste stable. Le prix départ exploitation est loin d’être
satisfaisant en raison de la forte hausse des prix de production. Grâce à l’amélioration de la
météo et l’ouverture des restaurants, la demande croît (notamment en raison de la saison des
barbecues). La demande à l’exportation reste très élevée et a même augmenté de 30 % par
rapport à l’année dernière. Si le marché des œufs et de la viande de volaille semble être stable, à
l’exception des fluctuations annuelles habituelles, les coûts de production sont élevés. Compte
tenu de la gravité de la deuxième vague de grippe aviaire, certain(e)s pays/régions n’ont toujours
pas levé l’interdiction vétérinaire pour laisser sortir les oiseaux normalement élevés en plein air
(> 7 mois). Cela a une incidence sur le prix auquel les producteurs peuvent vendre leurs
produits.
Produits laitiers
La production de la plupart des produits de base a baissé par rapport à 2020, sauf pour le lait
condensé et le fromage. Le prix européen du lait cru est stable par rapport au mois dernier
(+0,1 %). Les prix du beurre, du lait écrémé en poudre et du lait entier en poudre ont augmenté
respectivement de 1,4 %, 1,2 % et 0,4 %. Si les exportations européennes de fromage, de lait
écrémé en poudre et de lait entier en poudre augmentent, les exportations européennes de
beurre, en revanche, sont en baisse (-13 %) par rapport à 2020.
Viande bovine et viande ovine
La pandémie de Covid-19 a eu de fortes répercussions sur les découpes de viande de qualité
supérieure ainsi que sur la viande de veau (canal Horeca). Le marché devrait donc se réajuster
en vue d'un retour potentiel à la normalité. Toutefois, depuis 2020 les conséquences du Brexit
ajoute un niveau de complexité au marché.
Les prix de la viande bovine augmentent dans la plupart des catégories de classement des
carcasses par rapport à l’année dernière (moyenne A/C/Z -R3 : + 8,1 %; veau mâle type bœuf :
+ 18,9 %). S’agissant de la production, il faut souligner que le nombre d’abattage diminue et que
de manière générale la production de viande bovine a baissé de 9,7 % par rapport à 2020
(janvier-février). Les importations de viande bovine ont temporairement chuté par rapport aux
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années 2020 et 2019. Le niveau des exportations, en revanche, est très similaire à celui de 2020
et même supérieur à celui de 2019 (janvier à mars).
Le prix de la viande ovine est en augmentation par rapport à l’année dernière autant pour les
agneaux lourds (+20,3 %) que pour les agneaux légers (+15,5 %). Durant les deux premiers mois
de 2021, la production a baissé de 14,4 % par rapport à la même période l’année dernière. Les
exportations ont augmenté en moyenne de 24 % par rapport à la période janvier-mars 2020 et
les importations ont temporairement chuté de 19 % durant cette même période (Nouvelle-
Zélande : -23 %, Australie : -44 %, Argentine : -41 %).
Olives et huile d'olive
La production d'huile d'olive devrait augmenter de 10 % en 2021. Les prix au sein de l’UE
continuent d’augmenter même s’ils sont toujours inférieurs à la moyenne quinquennale. La
consommation à domicile a augmenté, car pour cuisiner les ménages préfèrent l'huile d'olive à
d’autres huiles. Les exportations devraient quelque peu augmenter en raison de la forte baisse de
production dans certains pays tiers et de la suspension des droits de douane américains. Les
droits de douane supplémentaires imposés par les États-Unis aux olives mûres espagnoles
restent en place, ce qui coûte des millions aux producteurs espagnols en pertes d'exportation et
en frais juridiques.
Boissons spiritueuses
La situation du marché des boissons spiritueuses varie fortement d'un pays à l’autre. Dans
certains pays, le marché est plutôt stable et marqué par une augmentation de la consommation à
domicile, alors que d’autres rapportent une baisse significative de la production et des ventes, à
la fois pour les produits haut de gamme et standard. De même, les exportations et importations
ont baissé. La réouverture du secteur de l’Horeca offre toutefois des perspectives positives.
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