Ref. Ares(2013)2763112 - 26/07/2013
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REPERCUSSIONS SUR LA PRODUCTION EUROPEENNE DE PRUNEAUX
DU PROJET D’ACCORD DE LIBRE ECHANGE UE/USA
CA 4/7/2013
EVOLUTION DES ECHANGES COMMERCIAUX DEPUIS 10 ANS
Les Etats Unis (Californie) sont un fournisseur majeur de l’Europe en pruneaux. L’Union Européenne
avec 90 000 tonnes est le premier marché de consommation de pruneaux au monde devant les Etats-
Unis (60 000 tonnes) et le premier importateur mondial (55-60 000 tonnes). Le tableau ci-après
montre l’évolution en 10 ans des ventes en Europe des quatre principaux fournisseurs, qui
représentent environ 95% de l’approvisionnement européen.
En Europe, la France produit en moyenne annuel e 40 à 45 000 tonnes de pruneaux et l’Italie 1200 à
1500 tonnes. Les autres pays producteurs (Espagne et Grèce) produisent de très faibles volumes.
Volumes en tonnes de pruneaux, source douanes européennes et BIP, par campagne commerciale
Les importations d’autres origines sont très faibles
Fournisseur de
Ventes
Ventes
Part de
Part de
Variation
l’UE
2001/2002
2011/2012
marché
marché
points PDM
2001/2002
2011/2012
France
44 200
34 100
45%
38%
-7
Californie
36 500
22 400
37%
25%
-12
Chili
10 200
30 000
10%
33%
+23
Argentine
7 600
4 300
8%
5%
-3
Total top 4
98 500
90 800
-8
Ces chiffres montrent que sur dix ans
- le Chili, fort du privilège qui lui a été octroyé par l’ALE entré en vigueur début 2003
(exemption immédiate du droit de douane de 9,6%), a fortement perturbé le marché
européen. Il a triplé ses ventes (+23 points de part de marché) au détriment de la production
européenne (7 points de perte) et de la Californie (12 points de perte), sans que la
consommation n’augmente pour autant, bien au contraire.
- le marché souffre de la réduction de l’investissement promotionnel, qui est vital pour ce
produit : le Chili, bien que devenu leader en volume hors France, n’y participe pas et poursuit
sa stratégie de substitution à prix inférieur sur les marchés existants. De plus depuis 2009 la
crise a freiné la consommation. Le marché a connu en 10 ans une diminution en volume de
l’ordre de 8%.
- en parts de marché européen la France a moins perdu que la Californie grâce à son marché
intérieur (30 000 tonnes environ), qu’elle a fidélisé avec l’IGP du Pruneau d’Agen. Pourtant
sur le reste de l’UE elle a perdu 40% de ses ventes dans la même période décennale, passant
de 9 800 à 5 900 tonnes, et ce malgré les atouts que lui apportent sa spécificité qualitative
reconnue et l’image forte liée à la tradition française du « bien manger ».
…/…
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LES SPECIFICITES DU PRUNEAU D’AGEN ET DE SA PRODUCTION
Qualité : La zone de production d’Agen est la plus septentrionale du monde : avec des conditions
climatiques moins stables que celles de la Californie ou du Chili, les récoltes sont plus aléatoires mais
les fruits sont plus charnus, les saveurs mieux développées et la peau plus fine. Les pratiques de taille
annuelle des arbres et de récolte à maturité complète, consacrées par l’IGP, viennent encore
renforcer le niveau qualitatif, mais en alourdissant les coûts de production.
Sensibilité : Le pruneau est une production agricole et industrielle exigeante en investissements
lourds (verger, séchage, industrie de conditionnement, promotion), très sensible aux aléas
climatiques, et dont la production et la consommation sont concentrées sur des zones restreintes.
Poids économique : Le pruneau d’Agen est une production essentiel e pour l’économie de sa zone de
production (1400 exploitations agricoles, 10 000 emplois concernés). Il est différencié sur le marché
européen, bénéficiant de prix de vente supérieurs de 25% à ceux de la Californie et de 75% à ceux du
Chili. Pour autant, avec les structures de production actuelles cet écart est loin d’être suffisant pour
compenser la différence des coûts de production.
Absence d’élasticité aux prix : Le constat est fait par tous les producteurs mondiaux que le marché
du pruneau est insensible aux baisses de prix. Le seul moyen efficace de développer la
consommation est l’investissement promotionnel. Par conséquent les opérateurs intermédiaires
répercutent peu aux consommateurs les baisses de prix liées aux variations de l’offre.
LE PRUNEAU EST UN PRODUIT SENSIBLE
Ces caractéristiques confèrent au pruneau une sensibilité économique extrême, qui avait justifié
depuis 1978 un cadre de soutien européen spécifique dans le cadre de l’OCM des produits
transformés à base de Fruits et Légumes. Ce soutien avait été créé pour compenser la réduction,
dans le cadre des accords du GATT, du dispositif de protection douanière mis en place au lendemain
de la 2e Guerre Mondiale. Il a permis pendant 35 ans de compenser l’écart de compétitivité qui
subsistait au-delà du prix de vente supérieur.
Outre la perturbation générale du marché, la suppression en 2002 du droit de douane de 9,6%
affectant les importations du Chili a déstabilisé la production européenne, ce qui se traduit
aujourd’hui par une grave crise structurelle et conjoncturelle. S’y cumulent les réformes successives
de l’OCM et de la PAC (2007 et 2013) qui par le découplage des aides aux producteurs, puis la
réduction des soutiens par la convergence, mettent le secteur devant un défi vital.
Cela conduit la filière du pruneau d’Agen à reconcevoir son avenir à travers un
« Plan de Reconquête
de la Compétitivité » (2014-2025), qui implique un gros programme d’investissements (triplement
du rythme de renouvellement du verger, innovations technologiques…). Ce Plan est destiné à réduire
l’écart de coûts avec la concurrence avec des vergers plus productifs et un séchage moins onéreux.
Ses bénéfices n’apparaîtront qu’à partir de 2025-2030.
Le secteur restera économiquement
vulnérable jusque-là. Ce plan de relance reçoit un fort appui politique du Ministère de l’Agriculture,
mais pour la filière convaincre les producteurs de se lancer dans un tel pari est déjà en soi un défi.
Il serait dangereux pour la production européenne d’exempter la Californie du droit de douane à
l’entrée de l’Europe dans cette période de restructuration. La levée du droit aurait pour effet
mécanique de faire baisser les prix de 10% sur l’ensemble du marché européen, sans que les
consommateurs en bénéficient pour autant : les Chiliens suivraient sans doute ce mouvement sans
trop de difficulté, les Européens non. La filière européenne n’y survivrait pas.
Les producteurs européens de pruneaux demandent que
la levée au bénéfice des Etats-Unis du droit
de douane affectant les pruneaux à l’entrée de l’Europe soit reportée jusqu’au terme des 10 à 15
années du programme de relance de la compétitivité du pruneau d’Agen.
ANNEXES
COMPARAISON DES COUTS DE PRODUCTION AGRICOLES DES PRUNEAUX
Source Oréade-Brèche - 2009