Ref. Ares(2018)3458869 - 29/06/2018
Ref. Ares(2019)2387732 - 04/04/2019
Sélectivité des chaluts de fond langoustiniers et démersaux :
Etat des lieux et perspectives
Réponse de l’Ifremer à une demande de la DPMA (2015-8149) préparée par :
Camille Vogel, Pascal Larnaud, Sonia Méhault, Dorothée Kopp (IFREMER, RBE/STH/LTBH)
Mars 2015
1. INTRODUCTION
Ce document résume une partie du rapport sur la sélectivité des engins de pêche actuellement en
cours de rédaction dans le cadre de la convention « Sélectivité » IFREMER/DPMA. Les résultats
présentés portent sur deux flottilles : les chalutiers langoustiniers et les chalutiers démersaux. Les
zones de pêche prises en compte sont le golfe de Gascogne, le secteur Manche-mer du Nord et, dans
une moindre mesure du fait des données disponibles, la mer Celtique.
2. HISTORIQUE DES ESSAIS DE SÉLECTIVITÉ ET RÈGLEMENTATION
Le tableau ci-dessous dresse un panorama par zone d’activité des essais de sélectivité menés, en
France et à l’étranger.Les dispositifs sélectifs retrouvés le plus souvent sont les panneaux à mailles
carrées (PMC), les cylindres à mailles carrées (CMC), les grilles sélectives et des modifications du
maillage du cul de chalut.Les flottilles du golfe de Gascogne, de Manche et de mer du Nord sont très
bien représentées dans les études menées tandis que les flottilles exerçant en mer Celtique ont été
peu étudiées.
Historiquement, les essais de sélectivité ont porté sur les tailles de mailles (à partir de 1955) et les
matériaux utilisés (années 70-90). L’évolution des travaux français et étrangers au cours du temps
sont similaires. On citera en particulier les essais menés sur les chaluts à nappes séparatrices qui
débutèrent dans les années 1970. Les essais de panneaux à mailles carrées ont commencé à la fin
des années 1980, peu avant les essais portant sur les grilles sélectives (1993). Dans les années 2000,
les chaluts sont repensés pour intégrer des sections entièrement composées de grandes mailles, et
les résultats obtenus en amont sur des dispositifs différents conduisent aux essais de dispositifs
montés en séries (Tableau 1).
A ce jour, les dispositifs sélectifs pris en compte par la règlementation pour les chalutiers
langoustiniers et démersaux sont principalement des panneaux à mailles carrées. Les grilles et
cylindres à mailles carrées peuvent être également adoptés sur une base de volontariat, les
professionnels ayant le choix entre plusieurs dispositifs.Il n’existe pas de documentation permettant
d’évaluer le niveau des pratiques sélectives mises en œuvre de manière volontaire, sans obligation
règlementaire, bien que des observations soient faites lors d’embarquements (Obsmer) à bord des
navires professionnels (Bouché, com. pers.).
Tableau 1. Bilan des essais menés sur l’utilisation de dispositifs sélectifs en France et à l’étranger, recensant les périodes
d’expérimentations et précisant leur mise en œuvre règlementaire.
DISPOSITIFS
FRANCE
ETRANGER
MISE EN ŒUVRE REGLEMENTAIRE
(années)
(années)
Nappes séparatrices
1985-1988
Maillage, montage, matériau
1996-2011
CE n°850/98 : Maillage à 70mm ou 100mm – Plan Merlu
Grilles
2002-2006
arrêté du 25/11/10 (espacement de 13 mm, barreaux ronds)
rs PMC
1991-2007
ie
CEn° 850/98, 2723/1999 et 724/2001 +arrêté du 25/11/10
(PMC 100 mm) – Plan Merlu. Langoustine : arrêté du
e
stin
n
u
g
09/12/2011 (PMC 60 mm)
o
g CMC
2009
arrêté du 09/12/2011 (CMC 60 mm)
sco
n
a
La Grandes Mailles
2001-2003
G
e
Associations
2002-2011
d
Ouverture de la maille forcée
2009-2011
lfe
o
g
2000-2006
x Maillage, montage, matériau
e
u Grilles
1993-1998
u
rsa PMC
2006
CE n° 850/98, 2723/1999 et 724/2001 – Plan Merlu
tiq
e
n
m
CE n° 51/2006 et 41/2007 : PMC de 100 mm obligatoire
tla
é
A
D
1985-1988
rs Nappes séparatrices
ie Maillage, montage, matériau
-
1986-1999 CE n°850/98 : Maillage de 70 à 89 mm obligatoire
PMC
-
1992-2010 CE n° 737/2012 : PMC 100 ou 110 mm obligatoire
stin
u
e
o
u
g
n
ltiq
La
e
1955
r C
e
x Maillage, montage, matériau
u PMC
-
- CE n°41/2007 et n° 737/2012 : PMC 100 ou 110 mm
m
rsa
obligatoire
e
m Benthiques : Grille
1997
é
D
Maillage, montage, matériau
1983-2005 CE n°850/98 : maillage de 80mm min. Suède : cul de chalut
en mailles carrées de 70 mm obligatoire (L=3 m)
rs
rd
Grilles
1991-2006
o
ie PMC
1988-2004 CE n°850/98 et 41/2007 : PMC de 100 mm obligatoire
N
u
stin
u Grandes mailles
2002
r d
o
e
g
n Chalut sans dos
2003-2006
m
La Nappes séparatrices
1982-2006
Maillage, montage, matériau
-
rd
o
rd
o
Grilles
1999-2009
N
u
N
PMC
-
u
x
u
r d
CMC
2013
e
r d
e
rsa
e Grandes Mailles
2009
-m
e
-m
m
e
é Associations
2013
ch
D
n
ch
a
n
a
M
M
Maillage, montage, matériau
-
1996-2007
Grilles
2009
1997-2014
rd
x PMC
2001-2008
1995-2006 CE n°850/98, n°2056/2001 et41/2007 : PMC de 100 mm
o
u
obligatoire– Plan Cabillaud
N
u
rsa
e CMC
2013
r d
m
e
é Grandes Mailles
2009
CE n°43/2009 – Plan Cabillaud
m
D Associations
2013
Nappes séparatrices
-
1988
3. BILAN DES ESSAIS DE SÉLECTIVITÉ MENÉS EN FRANCE
Les tableaux suivants recensent les principaux résultats obtenus au cours des essais menés sur la
sélectivité des chaluts à bord des chalutiers de Manche-mer du Nord (Tableau 2) et des chalutiers
démersaux langoustiniers du golfe de Gascogne (Tableau 3).
Ces tableaux sont proposés pour donner au lecteur une vue d’ensemble, mais incomplète, des
dispositifs sélectifs testés et des résultats obtenus. L’information contenue dans ces tableaux est
uniquement qualitative, il est indispensable de se référer au rapport fournit en annexe pour obtenir
le détail des conditions expérimentales et des résultats obtenus en terme d’échappement pour les
différentes espèces.
Dans ces tableaux, un bilan positif s’entend comme un gain sur l’échappement des individus de taille
inférieure à la taille commerciale – individus hors taille (HT), et une absence ou un faible
échappement des individus de taille commerciale (TC). Un bilan mitigé signifie que les bénéfices en
termes d’échappement des individus HT s’accompagnent d’un échappement non négligeable sur la
fraction commerciale. Enfin, un bilan négatif correspond à un fort échappement sur l’ensemble de la
gamme de taille, voire plus important sur la fraction commerciale.
Pour ce dernier cas, il est important de considérer les objectifs de la mise en œuvre du dispositif lors
de l’interprétation des résultats, en particulier dans le cadre de pêcheries plurispécifiques. En effet, il
peut être bénéfique globalement pour la pêcherie d’obtenir spécifiquement un échappement
maximum sur certaines espèces accessoires (e.g. merlan bleu, chinchard…).
L’ensemble des cylindres à mailles carrées recensés dans le tableau mesurent 2 m de longueur, leur
longueur n’est donc pas spécifiée. Dans le Tableau 3, le PMC merlu mesure 2 m par 1 m, il est placé
dans le gorget et est constitué de maillage de 70 mm jauge, et le PMC langoustine (PMC lang.)
mesure 3 m par 1 m, il est placé sur la partie ventrale de la rallonge et est constitué de maillage en 62
mm jauge.
NB. Dans ces tableaux, un même dispositif peut apparaitre à plusieurs endroits du fait d’une
incidence contrastée sur différentes espèces cibles.
Tableau 2. Bilan, par groupe d’espèces et par type de dispositif, des expérimentations menées sur l’usage de dispositifs sélectifs à bord des chalutiers démersaux en France. Les espèces sont
précisées entre parenthèses lorsque plusieurs espèces sont visées.
DISPOSITIF
POSITIF :
MITIGE :
NEGATIF :
Echappement HT et échappement TC nul ou faible
Echappement HT + Echappement TC
Fort échappement TC
Sélectivité gadidés
Grilles
Grille à barreaux ronds espacés de 23 mm (avec PMC
en amont) (MERLAN)
Grille à barreaux carrés espacés de 25 mm (MERLAN)
Grille à barreaux ronds espacés de 90 mm (MORUE)
PMC
PMC dorsal en 120 mm placé de 9 à 6 m en amont
PMC dorsal en 120 mm placé de 13.5 à 10.5 m en amont
du raban de cul (L = 3 m)
du raban de cul (L = 3 m)
CMC
CMC de 80 mm de maille (MERLAN)
CMC de 115 mm de maille (MERLAN)
CMC de 115 mm de maille (MAQUEREAU)
Associations de
CMC (80 mm) + Grille (23 mm) (MERLAN)
dispositifs
CMC (100 mm) + PMC (80 mm, L = 3m) (MERLAN)
Chalut à
Chalut de type « Eliminator Trawl » modifié
Chalut de type « Eliminator Trawl » modifié (LIEU NOIR,
grandes mailles
(CABILLAUD)
AUTES ESPECES DEMERSALES)
Sélectivité pélagiques et démersaux
PMC
PMC dorsal en 120 mm, toutes positions (L = 3 m)
PMC dorsal en 120 mm placé de 13.5 à 10.5 m en amont
(MAQUEREAU, CHINCHARD)
du raban de cul (L = 3 m) (MAQUEREAU, ROUGET)
CMC
CMC de 80 mm de maille (MAQUEREAU, CHINCHARD,
CMC de 115 mm de maille (MAQUEREAU)
HARENG)
Associations de
CMC (80 mm) + Grille (30 mm) (HARENG)
CMC (80 mm) + Grille (30 mm) (AUTRES ESPECES)
dispositifs
CMC (100 mm) + PMC (80 mm) (L = 3 m)
CMC (100 mm) + PMC (80 mm) (L = 3 m) (AUTRES
(MAQUEREAU)
ESPECES)
Sélectivité poissons plats
Grilles
Grille à lotte, barreaux espacés de 110 mm x50 mm
(CARDINE, RAIE)
Grilleà barreaux espacés de 25 mm (PLIE, SOLE)
PMC
PMC dorsal en 120 mm placé de 13.5 à 10.5 m en
amont du raban de cul (L = 3 m) (TOUTES ESPECES)
CMC
CMC de 115 mm de maille (TOUTES ESPECES)
CMC de 80 mm de maille (TOUTES ESPECES)
CMC de 100 mm de maille (TOUTES ESPECES)
Associations de
CMC (80 mm) + Grille (23 mm) (TOUTES ESPECES)
dispositifs
CMC (80 mm) + Grille (30 mm) (TOUTES ESPECES)
Chalut à
Chalut de type « EliminatorTrawl » modifié (PLIE)
grandes mailles
Sélectivité lotte
Grilles
Grille à lotte, barreaux espacés de 110 mm x 50 mm
Grille à lotte, barreaux espacés de 110 mm x 65 mm
Tableau 3. Bilan, par groupe d’espèces et par type de dispositif, des expérimentations menées sur l’usage de dispositifs sélectifs à bord des chalutiers langoustiniers en France.Les espèces sont
précisées entre parenthèseslorsque plusieurs espèces sont visées.
DISPOSITIF
POSITIF :
MITIGE :
NEGATIF :
Echappement HT et échappement TC nul ou faible
Echappement HT + Echappement TC
Fort échappement TC
Sélectivité langoustine
Grilles
Grilles à barreaux carrés ou ronds espacés de 13 mm
Grilles à barreaux carrés ou ronds espacés de 15 mm
Grille à barreaux ronds espacés de 20 mm
PMC
PMC latéraux de 70 mm de maille
PMC ventral de 60 mm de maille, position avant
CMC
CMC de 70 mm de maille
CMC de 62 mm de maille
Ouverture de
Cul de chalut à 8 ralingues courtes
maille forcée
Cul de chalut à 2 ralingues courtes
Cul de chalut en T90
Associations de
PMC merlu+Grille(13 mm)+PMC lang.
dispositifs
CMC (70 mm)+Grille (23 mm)+PMC lang.
RES
Sélectivité merlu
Grilles
Grilles aux barreaux carrés ou ronds espacés de 13 mm
Grille aux barreaux ronds espacés de 20 mm
PMC
PMC latéraux de 70 mm de maille
PMC merlu
CMC
CMC de 62 mm de maille
CMC de 70 mm de maille
Ouverture de
Cul de chalut à 2 ralingues courtes
maille forcée
Cul de chalut à 8 ralingues courtes
Cul de chalut en T90
Associations de
PMC merlu+Grille (13 mm)+PMC lang.
dispositifs
RES
CMC (70 mm)+Grille (13 mm)+PMC lang.
Grandes mailles
Mailles de 110 mm ou 150 mm dans les parties antérieures
Sélectivité espèces accessoires
PMC
PMC merlu(CHINCHARD)
PMC merlu (MERLAN BLEU)
PMC latéraux de 70 mm de maille (ROUGET, MERLAN
BLEU, CHINCHARD)
Grandes mailles
Mailles de 150 mm dans les parties antérieures (SOLE)
Associations de
PMC merlu+ Grille (13 mm)+PMC lang. (MERLAN
dispositifs
BLEU)
PMC merlu + Grille (MERLAN BLEU, CHINCHARD)
4. APPORTS INTERNATIONAUX
A l’échelle européenne, les mêmes dispositifs sélectifs sont retrouvés. Les PMC en maille de 80 mm
sont obligatoires pour l’ensemble des chalutiers exerçant en mer du Nord, selon les règles édictées
par la Commission européenne. Néanmoins, des dispositions nationales peuventrenforcerles textes
européens :
-
En Grande Bretagne, le maillage minimum des PMC est de 90 mm pour l’ensemble des
chalutiers exerçant en mer du Nord et en mer d’Irlande (Catchpole & Revill 2008).
-
En mer d’Irlande (flottes irlandaise et anglaise), une nappe séparatrice inclinée est imposée
pour tous les chalutiers langoustiniers afin de préserver les stocks de gadidés (Rihan &
McDonnell 2003) (Règlement CE n°254/2002).
-
En mer d’Irlande également, les règlements (CE) n°2549/2000 et (CE) n°2056/2001 imposent
l’utilisation de PMC en maillage de 140 mm et couvrant la moitié de la longueur de la
rallonge et du cul de chalut à bord des chalutiers démersaux pour protéger les jeunes
morues.
-
Les navires de l’UE exerçant dans le Kattegat et le Skagerak doivent être équipés d’une grille
sélective aux barreaux espacés de 35 mm, suivant la règlementation suédoise(Catchpole &
Revill 2008).
Dans les pays voisins, d’autres types de dispositifs ont été mis en place :
-
En Islande, des PMC à grandes mailles sont imposés, en mailles de 135 mm ou de 200 mm, et
de 15 mailles de longueur au minium insérés dans les parties dorsales des chaluts
langoustiniers (Graham & Ferro 2004).
-
En Suède, l’emploi d’une grille aux barreaux espacés de 35 mm en association avec un cul de
chalut en mailles carrées de 70 mm est obligatoire depuis 2004 dans le Kattegat et le
Skagerak à bord des chalutiers langoustiniers pour préserver les jeunes morues (Valentinsson
& Ulmestrand 2008, Catchpole & Revill 2008).
On signalera enfin des expériences récentes sur l’intérêt d’une réduction du nombre de mailles au
périmètre dans la rallonge et le cul de chalut pour améliorer la sélectivité (O’Neill et al. 2008),
entrepris suite à des essais en simulation (O’Neill & Herrmann 2007).
5. PROGRÈS POTENTIELS DANS LA SÉLECTIVITÉ DES CHALUTS AU COURS DES
ANNÉES À VENIR
Avant d’analyser les attentes potentielles des projets en cours et à venir, il nous semble important de
rappeler que les critères d’appréciation de la sélectivité des engins de pêche ont fondamentalement
changé avec le nouvel objectif de la PCP de débarquer l’ensemble des captures des espèces sous
quota, aux différentes exemptions près. En effet, dans toute l’historique sur la sélectivité, on
appréciait la plupart du temps le taux d’échappement en nombre des individus sous la taille
minimum de débarquement et la « perte commerciale » à court terme, en poids le plus souvent, au-
dessus de cette taille. Le critère principal considéré aujourd’hui est le taux de rejet. Celui-ci se calcule
comme suit :
Taux de rejet = Poids de rejet / Poids total des captures (rejets + débarquement commercial)
Cependant, l’interprétation de la valeur du taux de rejet peut être délicate : d’une part, un taux peut
être élevé même lorsque les rejets sont en très petites quantités et, d’autre part l’impact d’un
dispositif sélectif peut ne pas se traduire par l’effet escompté. En effet, si la diminution en poids des
rejets s’accompagne d’une diminution de la fraction commerciale (pour les plus petites tailles
commerciales), ce qui est courant pour les dispositifs sélectifs les plus efficaces, le taux de rejet
pourra ne pas diminuer, voire augmenter (lorsque le poids de la fraction commerciale diminue plus
vite que celui des rejets).
Il faut par ailleurs rappeler, en particulier pour les pêcheries multispécifiques, que si l’amélioration
de la sélectivité des chaluts peut contribuer à limiter largement les rejets, il est difficile d’atteindre
simultanément le zéro rejet sur plusieurs espèces du fait de leurs différences de formes,
comportement, tailles minimales. Par ailleurs, la sélectivité entre individus HT et entre petites tailles
commerciales n’est jamais totale.
Des projets sont en cours dans le golfe de Gascogne, en Manche Est/mer du Nord et en mer Celtique,
avec pour objectif de diminuer les rejets en mer. Les résultats définitifs ne seront connus qu’au
terme de ces projets, lorsque le nombre d’essais sera suffisamment significatif.
1) Golfe de Gascogne
Projet REDRESSE (REDuction des REjets et Amélioration de la SElectivité dans le golfe de Gascogne) :
L’objectif de ce projet est d’établir et tester des stratégies permettant de réduire les rejets des
flottilles du golfe de Gascogne en expérimentant, à bord de navires de pêche professionnelle,
différentes solutions (utilisation de dispositifs sélectifs, changement de stratégies, mesures spatio-
temporelles…). Ce projet implique de manière forte des professionnels de la pêche. Les partenaires
principaux sont l’AGLIA (porteur), l’IFREMER, le CNPMEM. Les flottilles concernées sont les chalutiers
de fond (métier langoustine et métier poisson), les fileyeurs (filet droit et trémail), les chalutiers
pélagiques (métier des petits pélagiques et métier du thon) et les senneurs danois (métier du merlan
et du rouget).
Les dispositifs technologiques testés sur les chaluts de fond sont décrits ci-après ainsi que les
premiers résultats. Nous devons insister sur le fait que tous ces résultats sont préliminaires et que
l’analyse sera complétée par les tests en 2015, voire en 2016. Il s’agit de dispositifs sélectionnés à
l’issue des ateliers de travail regroupant professionnels, scientifiques et équipementiers.
1.1. Pêcherie LANGOUSTINE/POISSON
-
Mise en place d’un flotteur sous le PMC réglementaire à merlu dans le gorget : l’objectif était
de favoriser l’échappement des poissons en perturbant le comportement des poissons
grégaires. 3 positions de la boule sous le PMC ont été testées sans réduction significative des
rejets. Ce dispositif est probablement plus adapté à une combinaison avec un CMC plutôt
qu’un PMC.
-
T90 en 55mm dans le cul de chalut seul : réduction des rejets de langoustines mais pertes de
langoustines commerciales.
-
T90 en 55mm dans la rallonge seule : Pas de réduction claire des rejets.
-
Réduction du nombre de mailles au périmètre de la rallonge de 100 à 80 mailles : réduction
des rejets de langoustines avec un peu de perte commerciale. Pas de réduction des rejets de
merlu, cardine, sole.
-
Nappe séparatrice : le chalut est séparé en deux horizontalement. L’objectif est de séparer au
mieux les poissons dans la partie haute et les langoustines dans la partie basse. Les essais
récents dans un petit chalut à deux faces (ouverture verticale de 80cm) ont permis d’obtenir
environ 75% de langoustines en bas et 80% des merlus en haut (tant HT que commercial). Le
chalut était équipé du PMC merlu dans le gorget et du PMC langoustine ventral. Les tous
premiers résultats montrent plus d’échappement de merlus et langoustines HT dans le chalut
équipé de la nappe séparatrice. Les essais à venir prévoient l’augmentation de la surface de
la nappe de 2m vers l’avant (jusqu’au niveau du bourrelet) afin d’améliorer la séparation
langoustines/poissons. Des dispositifs sélectifs très différents pourront ensuite être installés
en haut et en bas (par exemple du T90 adapté à l’échappement des petits poissons dans la
partie haute).
1.2. Pêcherie POISSONS / CEPHALOPODES :
-
PMC ventral 100mm : réduction du benthos, coquilles et invertébrés sans réduction
significative des poissons hors-taille (cardine, lotte, merlu, roussette, grondin)
-
CMC 80mm : Pas de réduction claire des rejets, échappement de rouget barbet ;mais peu de
traits échantillonnés. Besoin d’échantillons avec espèces pélagiques et encornet à une saison
de présence de juvéniles (idem merlu).
-
T90 en 70mm dans le cul du chalut seul : réduction des rejets (merlu, roussette, rouget) sans
trop affecter les captures commerciales (sauf sur le rouget barbet). Pas de perte d’encornet.
Besoin de plus d’échantillons avec espèces pélagiques et encornet à une saison de présence
de juvéniles.
- 1.3. Perspectives pour le golfe de Gascogne :
En l’attente de résultats plus aboutis sur les essais en cours dans le cadre du projet REDRESSE, il est
suggéré d’approfondir les essais et/ou de tester en complément les dispositifs suivants :
Pêcherie POISSONS / CEPHALOPODES :
-
Rallonge seule en T90 100mm jauge / 70mailles en longueur : la rallonge seule (sans le fond
de cul) devrait contribuer à limiter les pertes en encornet. Le maillage en T90 doit favoriser
largement l’échappement de poisson.
-
Poursuivre les essais de CMC 80 ou 100mm avec ou sans boule dispersive.
-
Alternative : augmenter le maillage (jauge à définir) ; cependant, la mise en œuvre de
dispositifs ou de mailles avec une ouverture forcée (carrée ou T90) nous semble plus
judicieuse car plus adaptée aux formes et comportements des espèces cibles et conserve une
efficacité constante pendant toute l’opération de pêche.
Pêcherie LANGOUSTINE/POISSON :
-
Mailles carrées ou T90 en 100mm sur toute la surface du gorget pour agrandir le PMC
[merlu] réglementaire.
-
Nappe séparatrice : optimiser la séparation et adapter les dispositifs sélectifs à poisson et à
langoustine (par exemple T90 100mm dans le dessus de la rallonge et PMC langoustine
62mm optimisé dans le ventre de la rallonge).
Plusieurs de ces dispositifs seront testés dans le cadre du projet REDRESSE.
En ce qui concerne la sélectivité intraspécifique langoustine, la grille semi-rigide fait partie
des dispositifs susceptibles d’être mis en œuvre pour satisfaire la réglementation (licence
langoustine). En pratique, elle est très peu utilisée pour des raisons d’ergonomie, de
résistance, de coût, par rapport à d’autres dispositifs. Mais elle reste parmi les dispositifs
sélectifs les plus efficaces pour la langoustine. Des essais complémentaires nous semblent
devoir être poursuivis sur :
la grille en position basse(ancien montage, inclinée vers l’arrière, barreaux ronds
espacés de 13mm). Il faudrait dans ce cas de mener de nouveaux essais avec une
grille demi-elliptique en deux parties avec une « charnière » simple (avec colliers de
serrage en plastique de type « colson » dans le sens vertical.
L’association grille à langoustine semi-rigide 13mm inversée (position haute, inclinée
vers l’avant, barreaux ronds espacés de 13mm) + PMC merlu 100mm jauge devant la
grille (longueur 2m) + PMC langoustine 62mm jauge derrière la grille (longueur
1,5m). Cette combinaison avait permis d’observer sur le Gwen-Drez (navire
Ifremer) un très bon échappement de langoustines HT <9cm et de merlus HT en
nombre sans perte commerciale.
2) Manche Est / mer du Nord
2.1. Projets récents ou en cours
Les principaux résultats des projets les plus récents réalisés dans cette zone (SELECFISH, SELECCAB,
SELECMER, SAUPLIMOR) sont résumés dans le tableau 2
Un nouveau projet,
EODE (Expérimentation de l’Obligation de DEbarquement), vient de débuter,
piloté par le CRPMEM Nord-Pas de Calais/Picardie. Il vise davantage à étudier le comportement de
pêche/la stratégie de pêche en conditions expérimentales d’application de l’Obligation de
Débarquement, que les gains de sélectivité de tel ou tel engin/dispositif. Les dispositifs suivants
seront en particulier testés :
-
Cul de chalut en maillage 90mm (chalut de fond),
-
Cul de chalut en maillage 100mm (chalut de fond),
-
Cul de chalut en mailles T90 de maillage d’environ 88mm à la construction (chalut de fond),
-
Cul de chalut en maillage 70 mm (chalut de type GOV)
2.2. Perspectives pour la zone Manche Est/mer du Nord
En l’attente de résultats du projet EODE, il est suggéré d’approfondir les essais et/ou de tester en
complément :
Pêcherie merlan/poissons plats/encornet/maquereau
Association grille SELECMER (position haute, inclinée vers l’avant, avec barreaux ronds espacés
de 23mm) + CMC ou PMC (devant la grille, maillage à optimiser).
- Rallonge seule en T90 80mm jauge.
Pour limiter les captures de gros cabillauds
- Associer aux dispositifs ci-dessus une grille à cabillaud semi-rigide inclinée vers l’avant, avec
trappe d’évacuation vers le bas. Espacement entre barreaux horizontaux à tester, inférieur
à 90mm dans tous les cas.
Pêcherie lieu noir
- Rallonge et cul de chalut en T90, maillage 100 à 120mm à essayer.
3) Mer Celtique
3.1. Projets récents ou en cours
Projet « Amélioration de la sélectivité des chalutiers de mer Celtique » (CELSELEC) : il s’agit, comme
pour REDRESSE de mettre au point ou de valider des dispositifs sélectifs permettant de diminuer très
significativement les rejets.
Le porteur du projet est l’Organisation de Producteurs « Les Pêcheurs de Bretagne », avec comme
partenaire scientifique l’IFREMER.
Les dispositifs technologiques testés sur les chaluts de fond, sur des navires professionnels, sont
décrits ci-après :
- Cylindre à mailles carrées 100mm, placé en amont du PMC réglementaire 100mm.
- Cylindre à mailles carrées 100mm, placé après le PMC réglementaire (de 100mm).
- Grille à lotte/raie/cardine en demi-ellipse en position basse inclinée vers l’arrière
- Rallonge + fond de cul en T90 en 100mm
Lors d’essais scientifiques, deux campagnes de 15 jours ont permis de tester les dispositifs ci-dessus
(acquisition de vidéo et ou utilisation d’une chaussette sur l’engin standard afin d’obtenir des
courbes de sélectivités) ainsi que l’ajout d’une boule dispersive sur le cylindre à mailles carrées.
Chaque dispositif est affilié à un bateau (plusieurs bateaux peuvent également tester le même
dispositif) et fait l’objet d’au moins une marée observée par trimestre sur une année. La collecte de
données en mer sur navires professionnels se poursuivra jusqu’au premier trimestre 2016.
Les espèces principales concernées sont :
- Merlan / églefin
- Lotte + raies + cardine dans l’Ouest de la zone
Premiers résultats 2014 : Jusqu’à présent, c’est le T90 qui semble donner les meilleurs résultats pour
réduire de façon importante les rejets de gadidés, sanglier, poissons pélagiques et autres avec peu
d’échappement d’espèces ou de tailles commercialisables.
Les essais se poursuivent sur tous les dispositifs.
3.2. Perspectives pour la zone mer Celtique
Pêcherie gadidés :
Même si le T90 100mm à la jauge semble très prometteur, les essais doivent être poursuivis pour
approfondir les résultats sur une année complète du T90 et du cylindre à mailles carrées.
Pêcherie lotte :
La grille à lotte n’est utilisable que pour les navires ciblant la lotte, les poissons plats et les raies.
Elle a montré par le passé de bon niveau d’échappement des individus HT pour ces espèces(ou
inférieurs à 500g pour la lotte). Une amélioration potentielle à tester serait de rajouter un voile de
guidage vers le bas de la grille.
ANNEXE
Est donné en annexe un extrait du rapport préliminaire demandé dans le cadre de la convention
DPMA-Ifremer sur la sélectivité des engins de pêche.